Le Croissant-Rouge égyptien apporte son soutien à Gaza

Par Kelsey Lemon, Vice-présidente, Coopération et programmes internationaux
 
Je me trouve à Al-Arish, la dernière ville égyptienne avant le poste frontalier de Rafah, qui sépare l’Égypte et la bande de Gaza. Lors de ma visite, les camions d’aide humanitaire, qui ne sont plus autorisés à traverser le point de passage depuis maintenant 16 jours, formaient une file s’allongeant à perte de vue. On peut se demander ce qui arrivera lorsque la frontière rouvrira : quel sera l’ordre à suivre? Qui passera en premier?
 
La réponse à ces questions repose entre les mains du Croissant-Rouge égyptien, qui coordonne le transport d’aide humanitaire entre l’Égypte et Gaza depuis l’escalade du conflit israélo-palestinien, en octobre 2023. Je suis en Égypte pour visiter l’entrepôt logistique de l’organisation et en apprendre plus sur le soutien que cette dernière offre aux personnes touchées par le conflit des deux côtés de la frontière.
 
Même si c’est devenu une composante énorme de son intervention sur place, le Croissant-Rouge égyptien fait plus que soutenir la logistique humanitaire. Ses équipes aident les gens qui ont été évacués de Gaza vers l’Égypte pour recevoir des soins médicaux, et en collaboration avec la Société du Croissant-Rouge palestinien, elles gèrent des camps pour personnes déplacées à Gaza et y distribuent des colis alimentaires, des repas chauds et du pain. Ces efforts sont rendus possibles grâce au dévouement de milliers de personnes, employées ou bénévoles, qui se relaient jour et nuit pour offrir aux gens l’aide dont ils ont besoin.
 
Une logistique vitale
 
Depuis que le conflit s’est envenimé, en octobre dernier, il est extrêmement difficile de faire parvenir l’aide humanitaire dont la population a besoin dans la bande de Gaza. Le volume d’aide s’était accru au cours des semaines précédant le 6 mai, mais la fermeture de la frontière bloque le passage d’un nombre impressionnant de véhicules : en date du 22 mai, environ 2 900 camions attendaient l’autorisation de traverser le poste frontalier. Et la situation risque d’empirer, puisque du matériel humanitaire provenant de différents pays arrive chaque jour par voies aérienne, terrestre et maritime.

Lotfy Gheith fait visiter le centre de logistique du Croissant-Rouge égyptien à l’auteure de l’article.Le personnel du Croissant-Rouge égyptien gère pratiquement tous les aspects de la coordination de l’aide – de l’arrivée du matériel en Égypte jusqu’à son passage vers Gaza – pour l’ensemble des organisations humanitaires, et non seulement pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Lotfy Gheith, chef des opérations du Croissant-Rouge égyptien, m’a fait visiter l’entrepôt logistique et m’a expliqué que du personnel y travaille à toute heure du jour et de la nuit pour recevoir et emballer le matériel humanitaire, organiser le transport par camion et faire le suivi des cargaisons.
 
Déjà incroyablement complexe, cette opération représente un défi particulier pour une organisation qui a commencé à faire de la logistique à grande échelle il y a huit mois à peine. En plus des retards causés par la fermeture du poste frontalier de Rafah, certains articles courants comme des piquets de tente, des génératrices, des couteaux de cuisine et des jouets pour enfants emballés dans des boîtes de métal sont interdits de passage à la frontière. Si une cargaison contient l’un ou l’autre de ces articles, c’est le camion tout entier qui doit rebrousser chemin. Et aucune liste précise de ce qui est permis ou interdit n’est fournie, ce qui retarde encore davantage l’arrivée du matériel humanitaire dont tant de personnes ont grandement besoin.
 
Des camions transportant de l’aide humanitaire attendent de pouvoir traverser la frontière entre l’Égypte et Gaza.Since the work all happens behind the scenes, before the humanitarian aid reaches Gaza, it’s easy to overlook the importance of it. Seeing the tireless work of Egyptian Red Crescent personnel first-hand, sorting pallets of humanitarian aid in extremely hot weather, it’s clear they see the importance of what they’re doing. “Volunteers are working here in the hot weather, and in the very cold weather when we started in October and November,” Dr. Amal Emam, acting CEO of Egyptian Red Crescent tells me. “They have never stopped…giving from their hearts.”
 
Puisque ces efforts se déroulent entièrement en coulisse avant que l’aide parvienne à Gaza, il peut être difficile d’en saisir toute l’importance. À voir les membres du personnel du Croissant-Rouge égyptien travailler sans relâche, triant des palettes de matériel humanitaire par des températures extrêmement élevées, il est cependant évident qu’ils connaissent l’importance de leur travail. « Les bénévoles ici travaillent par temps chaud, et ils l’ont fait par temps très froid en octobre et en novembre, lorsque nous avons commencé », me dit la Dre Amal Emam, présidente et cheffe de la direction par intérim du Croissant-Rouge égyptien. « Ils font preuve d’un dévouement sans bornes. »
 
Il en va de même pour un autre aspect de leur intervention, qui consiste à soutenir les camionneuses et les camionneurs qui attendent de pouvoir entrer à Gaza avec leur cargaison de matériel humanitaire. Ne pouvant s’éloigner de leur camion, pas même pour aller chercher de la nourriture ou utiliser les toilettes, ils doivent patienter des jours (ou dans la situation actuelle, des semaines) à des températures qui ne cessent d’augmenter, sans savoir quand ils pourront retourner à la maison.
 
Le personnel du Croissant-Rouge égyptien leur distribue donc des repas et leur offre des soins médicaux de base, au besoin. Pendant que nous traversons une zone d’attente pour les camions près de la frontière, nous voyons également du personnel surveiller des camions pour permettre à leur conducteur ou conductrice de s’absenter quelques minutes.
 
Il est terrible de constater tout ce matériel humanitaire coincé à la frontière, alors que la population de Gaza peine à subvenir à ses besoins essentiels. Le poste frontalier de Rafah doit impérativement être réouvert afin qu’une aide suffisante puisse être acheminée à ces gens.
 
Soutien aux personnes évacuées pour des raisons médicales
 
Lors de notre passage à Al-Arish, nous avons aussi eu l’occasion de visiter un hôpital où sont soignées des personnes qui ont dû être évacuées de Gaza parce qu’elles ne peuvent y être traitées. Le gouvernement égyptien coordonne leur évacuation, et le Croissant-Rouge égyptien leur offre du soutien, ainsi qu’aux membres de leur famille qui les accompagnent. À l’heure actuelle, on compte environ 3 300 personnes évacuées pour des raisons médicales en Égypte, et on estime à 6 000 le nombre de proches les accompagnant.
 
Bien qu’elles aient la chance de recevoir les soins nécessaires, ces familles sont aussi confrontées à l’angoisse de ne pas savoir quand elles pourront retourner chez elles, ou si elles pourront le faire. Comme l’accès à Internet est difficile et parfois inexistant à Gaza, communiquer avec les proches restés là-bas n’est pas toujours possible, et les gens se sentent loin les uns des autres malgré la faible distance qui les sépare. Si Al-Arish a jusqu’à présent été épargnée par les hostilités, la ville est située si près de Gaza qu’on peut parfois y entendre des frappes aériennes et voir les nuages de fumée noire qui s’élèvent du territoire voisin.
 
Notre premier arrêt est un espace aménagé pour permettre aux enfants dont un membre de la famille est soigné à l’hôpital de chanter, de dessiner et de rire, ne serait-ce que pour quelques minutes. Les bénévoles qui s’occupent d’eux restent à l’affût de signes indiquant des besoins en santé mentale, auquel cas ils peuvent les diriger vers des ressources spécialisées appropriées. Des enfants nous ont montré leurs dessins, sur lesquels sont représentés des êtres chers et des souvenirs de leur maison et de leur communauté à Gaza.
 
Nous rencontrons également quelques personnes qui reçoivent des soins ici, dont une femme âgée ayant les deux jambes fracturées en compagnie de sa fille et deux jeunes Gazaouies qui partagent une chambre : l’une souffre de paralysie cérébrale alors que l’autre attend une greffe pulmonaire et a besoin d’un apport constant en oxygène. Certaines personnes seront traitées dans cet hôpital et d’autres seront transférées ailleurs en Égypte ou à l’étranger pour y recevoir les soins nécessaires.
 
En plus de leur travail auprès des enfants, les bénévoles du Croissant-Rouge égyptien offrent divers services aux personnes évacuées et à leur famille : repas chauds, articles pour meubler leur logement temporaire en Égypte, et aide financière. Ce soutien est vital pour les familles déplacées qui accompagnent un proche malade ou blessé.
 
« Un message d’amour »
 
Quelques kilomètres plus loin sur la route, le visage de Mostafa Refaat s’illumine lorsqu’il parle de la cuisine humanitaire où le personnel du Croissant-Rouge égyptien prépare des repas chauds, du pain et des colis alimentaires pour les Gazaouis. « C’est plus que du pain, c’est un message d’espoir, précise-t-il, un message d’amour. »
 
L’opération est impressionnante, surtout que la Société nationale a commencé à offrir une aide alimentaire il y a quelques mois seulement. L’équipe a commencé en janvier et, en mars, pendant le ramadan, elle a travaillé avec la Société du Croissant-Rouge palestinien pour livrer des repas chauds dans les camps de personnes déplacées et ailleurs à Rafah et à Khan Younis. Pendant cette période, l’équipe travaillait jour et nuit et fournissait de 7 000 à 15 000 repas et environ 60 000 miches de pain par jour.
 
AUn bénévole transporte du pain distribué par le Croissant-Rouge égyptien à Gaza pendant le ramadan.Depuis, la quantité de nourriture préparée a dû diminuer pour mettre l’accent sur le contrôle de la qualité, la salubrité et la gestion de la température lors du transport des repas. L’équipe continue d’offrir des repas chauds aux personnes qui attendent de traverser la frontière avec leur camion et à celles qui ont été évacuées en Égypte pour y recevoir des soins. Dans la bande de Gaza toutefois, elle envoie dorénavant des colis alimentaires et des repas lyophilisés, qui sont non périssables et plus faciles à transporter.
 
Il est clair qu’il y a une connexion entre les membres du personnel du Croissant-Rouge égyptien et leurs voisins et voisines à Gaza. En plus de collaborer avec des nutritionnistes pour s’assurer que la nourriture servie répond aux besoins alimentaires, ils s’efforcent de préparer des repas qui goûtent comme à la maison. « Ici, dans le Sinaï Nord, la cuisine traditionnelle est semblable à celle qu’on trouve à Gaza et à Rafah », nous explique Mostafa. « Ce n’est pas seulement à cause du riz et de la viande, il y a aussi des arômes qui se ressemblent ».
 
Mostafa et son équipe aimeraient pouvoir revenir au même volume d’aide alimentaire offert que durant le ramadan et continuent de chercher le moyen le plus sûr et efficace de distribuer des repas à Gaza.
 
Les bénévoles au cœur de ce que notre action
 
Les bénévoles sont au cœur du travail accompli par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et ceux du Croissant-Rouge égyptien n’y font pas exception. Pendant mon séjour, j’ai rencontré de nombreux bénévoles motivés à aider la population gazaouie.
 
Du personnel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont photographiés devant la cuisine humanitaire du Croissant-Rouge égyptien
Au Caire, nous avons croisé deux bénévoles du Croissant-Rouge égyptien, elles-mêmes réfugiées, qui emballaient des colis alimentaires destinés à Gaza. Palestinienne, Ruba est arrivée en Égypte il y a deux ans. Riham vient quant à elle du Soudan et est au pays depuis environ un an. Après avoir obtenu l’aide de bénévoles du Croissant-Rouge égyptien à son arrivée, elle a décidé de devenir elle aussi bénévole. Elle considère ses nouveaux collègues comme sa famille.
 
Rencontrer tous ces bénévoles dévoués m’amène à penser aux collègues que nous avons perdus en raison de ce conflit au cours des huit derniers mois. En date du 30 mai, 24 membres du personnel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avaient perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions humanitaires. Il faut protéger les travailleurs et travailleuses humanitaires et leur permettre de travailler en toute sécurité pour sauver des vies.
 
Je souhaite exprimer ma gratitude envers les bénévoles du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui continuent d’aider les membres de leur communauté, souvent au péril de leur vie. Que ce soit en Égypte, à Gaza ou en Israël, nos équipes dévouées donnent le meilleur d’elles-mêmes pour venir en aide aux personnes dans le besoin.
 

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