Amr est agent des médias pour la Société du Croissant-Rouge palestinien. Comme c’est le cas pour beaucoup de ses collègues, lui et sa famille ont été touchés par le conflit en cours. Nous avons rencontré Amr pour la première fois après qu’il ait dû fuir le nord de Gaza avec ses proches pour se rendre à Khan Younis et avons repris contact avec lui après qu’ils aient été contraints de quitter Khan Younis.
Séparés par le conflit, réunis grâce à leurs proches
L’ordre d’évacuer Khan Younis a placé Amr et sa famille élargie devant un nouveau choix difficile. Déménager à nouveau dans une région où ils ne connaissent personne, ou rester. Au vu des frappes incessantes sur la ville, la famille a décidé d’évacuer.
Sachant qu’ils devraient traverser une série de points de contrôle, Amr et ses proches sont partis tôt dans la journée. Des bombardements ont eu lieu en chemin et, dans le chaos, Amr a été séparé de sa femme et de ses enfants, Adam, 7 ans, et Maria, 3 ans et les a perdus dans la cohue. Il n’y avait ni téléphone cellulaire, ni Wi-Fi, ni aucun autre signal pour rétablir la communication.
« Ça a été le pire moment de ma vie. Pendant plus de 12 heures, je n’ai eu aucune nouvelle de ma femme et de mes enfants. J’ai essayé de communiquer avec tous les hôpitaux de la région pour savoir s’ils avaient été blessés ou tués », nous racontait Amr sur WhatsApp une semaine plus tard.
Comme la réception était très mauvaise, Amr a fait appel à des proches en Cisjordanie dans l’espoir que quelqu’un qui aurait eu des nouvelles de sa femme et ses enfants puisse lui donner des nouvelles. Un soir, peu après 22 h, il a reçu un appel. Des proches avaient retrouvé sa famille, ils étaient maintenant tous ensemble et personne n’était blessé.
Une fois réunis, Amr et sa famille ont poursuivi leur voyage périlleux.
« C’était très, très dangereux, mais nous avons réussi à nous rendre à Rafah », a déclaré Amr.
Composer avec une nouvelle réalité : de la maison à la tente
Aujourd’hui, Amr, sa femme, ses enfants, ses parents et ses beaux-parents tentent de s’adapter à leur nouvelle réalité.
« Vivre dans une tente dans une telle situation est terrifiant. On a l’impression que chaque projectile nous vise, raconte Amr. Nous avons très peur et nous surveillons de près nos enfants et nos proches. Vivre dans une tente en tissu est très vulnérabilisant. »
Amr et sa famille doivent tout faire eux-mêmes : ils ont aménagé des toilettes et une cuisine ainsi que des endroits où dormir et stocker de l’eau. L’accès à la nourriture reste difficile, et les prix ont plus que triplé depuis l’intensification du conflit. Une pièce de viande qui coûtait 16 $ auparavant coûte aujourd’hui plus de 50 $, en supposant qu’elle soit disponible. Amr dit que sa famille n’a pas les moyens d’en acheter, alors ils mangent des conserves.
« Ce n’est pas facile de quitter sa maison tout équipée pour se retrouver dans une tente rudimentaire loin de chez soi. »
Ses enfants trouvent la situation très difficile. Un petit ami d’Adam a perdu la vie quand une explosion de l’autre côté de la rue a endommagé la maison dans laquelle il habitait. Maria ne comprend pas pourquoi ils doivent déménager constamment.
Amr pense surtout à l’avenir.
« Nous parlons souvent du passé et nous demandons où nous pourrons nous établir une fois le conflit terminé. Cependant, j’ai bien peur que nous devions continuer à vivre dans des tentes pendant longtemps, peut-être même des années », a-t-il déclaré.
« Je ne veux pas que mes enfants continuent à faire des cauchemars où figurent des soldats, des chars, des tirs et le bruit terrifiant des bombardements. »
Les personnes souhaitant appuyer les efforts de la Croix-Rouge peuvent verser un don au Fonds de secours : Crise humanitaire au Moyen-Orient.
