En octobre 2023, la Croix-Rouge canadienne a utilisé son Fonds de secours en cas de catastrophes à l’étranger afin de financer le déploiement d’un responsable des opérations, en l’occurrence Mark McCaul, en vue d’aider nos collègues de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale) aux Fidji pendant la saison des cyclones.
Le Fonds de secours en cas de catastrophes à l’étranger est un fonds polyvalent utilisé pour répondre aux urgences à l’échelle mondiale, en particulier celles qui reçoivent peu de soutien international en raison d’une couverture publique ou médiatique limitée.
Les dons au Fonds de secours en cas de catastrophes à l’étranger ne sont pas destinés à des urgences précises et nous permettent de venir rapidement en aide à des communautés touchées par différentes urgences partout dans le monde en dépêchant rapidement des articles de secours et des spécialistes humanitaires sur les lieux et en acheminant les fonds nécessaires aux interventions. Alors que Mark travaillait aux Fidji, le cyclone tropical Lola a touché terre au Vanuatu et y a causé des dommages importants. Le financement polyvalent accordé par l’entremise du fonds a éventuellement permis de fournir un soutien au Vanuatu, où les besoins étaient les plus considérables. Mark nous a fait part de son expérience dans le témoignage suivant :
J’ai eu la chance extraordinaire d’être déployé pendant trois mois au sein de l’équipe d’interventions d’urgence internationale de la Croix-Rouge canadienne mobilisée dans le Pacifique Sud, une région d’une beauté naturelle époustouflante, caractérisée par des océans turquoise, un climat merveilleux, une nature luxuriante et un peuple chaleureux. Cette région, comme beaucoup d’autres où la Croix-Rouge canadienne œuvre, est sujette à des catastrophes naturelles de petite et moyenne envergure comme des séismes, des tsunamis, des éruptions volcaniques, des cyclones et des périodes de sécheresse.
Je n’avais jamais participé de près au processus de préparation aux cyclones, qui améliore considérablement la capacité à sauver des vies, minimise le temps écoulé entre l’impact et la première intervention, et comble des besoins qui peuvent passer inaperçus en raison du peu d’attention internationale que génèrent certaines catastrophes. Je n’ai eu que quelques jours avant l’arrivée du cyclone Lola pour me remettre du décalage horaire et me familiariser avec le bureau de Fidji, car la préparation aux urgences a rapidement été remplacée par la planification de l’intervention.
Jour 0 : Le calme avant la tempête
Jours 1 à 7 : S’adapter, s’adapter et encore s’adapter!
Jours 8 à 30 : Passer immédiatement à l’action
Jour 0 : Le calme avant la tempête
Avant toute chose, j’ai appris qu’il est impossible de prévoir le comportement des cyclones. En effet, ils peuvent survenir en tout temps (même hors saison) et leur trajectoire peut changer sans crier gare.Il existe plusieurs moyens de prédire la force et la trajectoire d’une tempête afin de mieux s’y préparer, notamment l’expérience, l’éducation formelle, le bouche-à-oreille et, de nos jours, Windy, un outil de prévision en ligne très pratique qui affiche les formations de vent actuelles et prévues dans le monde entier. Au-delà de l’échelle de classification de l’intensité d’un cyclone (qui va de 1 à 5) et des trajectoires générales qui varient d’heure en heure, de nombreux autres facteurs doivent être évalués afin d’être en mesure d’intervenir efficacement immédiatement après le passage d’un cyclone. Pendant la tempête, il n’y a pas grand-chose à faire à part attendre qu’elle passe. La prochaine étape consiste à concilier les prévisions et les hypothèses avec les témoignages et les réalités des personnes et des populations qui doivent amorcer leur rétablissement, une étape dont le succès dépend généralement de l’aide inestimable des bénévoles du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (le Mouvement).
Au cours de ma première semaine aux Fidji, notre équipe a entrepris de suivre l’approche du cyclone tropical Lola vers Vanuatu en utilisant Windy pour cartographier la trajectoire la plus probable. Il était clair, 48 heures avant que le cyclone ne touche terre, qu’il aurait un impact significatif sur la population des îles du nord de l’archipel. Nous avons compilé et mis à jour, de manière continue (presque toutes les heures), autant d’informations que possible pour répondre à ces questions : Combien de personnes seront touchées? Quels ports maritimes ou aéroports seront touchés? Le cyclone traversera-t-il des centres ruraux ou urbains? Existe-il des routes menant aux communautés de la région? Où se trouvent les stocks d’urgence les plus proches? Pourrons-nous utiliser des moyens de communication ou Internet? Sommes-nous prêts à demander du financement? Nos procédures sont-elles à jour? Quelles sont les procédures de communication à l’interne? À l’externe? Ces questions, et bien d’autres encore, devaient être prises en considération.
Jours 1 à 7 : S’adapter, s’adapter et encore s’adapter!
Trouver l’équilibre entre l’absence d’information et le besoin urgent d’élaborer un plan d’intervention s’est révélé être tout un art qui nécessite de la flexibilité, une communication constante, la collaboration avec un large éventail de parties prenantes... et la capacité de s’adapter rapidement.C’est cette composante de la coordination et de la gestion des opérations d’urgence qui, selon moi, est l’une des plus difficiles et des plus gratifiantes. Prendre en considération les réalités et le vécu des collègues et des populations affectées lors de l’élaboration de stratégies opérationnelles et budgétaires augmente considérablement l’efficacité de toute opération.
Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Lola, nous avons principalement coordonné la collecte, la compilation, le tri, l’analyse et la diffusion de données et d’information en vue d’élaborer des plans et des budgets provisoires. Comme cela est souvent le cas lors d’urgences, nous avons dû procéder à partir de renseignements et de données extrêmement sommaires étant donné qu’il était difficile, voire impossible, de communiquer avec les personnes directement touchées. Ce processus a permis de lancer un appel de fonds de secours de la Fédération internationale, un mécanisme qui facilite l’octroi de financements et d’autres aides et ressources importantes. Il sert également d’outil de communication avec les parties prenantes concernées et les donatrices et donateurs du monde entier.
Jours 8 à 30 : Passer immédiatement à l’action
Il est toujours intéressant de comparer les prévisions des tableaux de bord et les récits stratégiques aux réalités vécues sur le terrain.Après la semaine initiale passée aux Fidji, j’ai pu me rendre à Vanuatu afin d’appuyer les opérations de secours de la Croix-Rouge de Vanuatu. À mon arrivée, le personnel de la Société nationale distribuait déjà des articles de secours et l’équipe a immédiatement répondu à mes nombreuses questions. En effet, quand on se retrouve dans un nouvel environnement, il est important de contextualiser les ensembles de données, de clarifier les catégories budgétaires et, dans certains cas, de se familiariser avec des situations qui nous sont inconnues. Ces questions débouchent souvent sur des témoignages formidables de résilience, de persévérance, de dévouement et d’humanité de personnes touchées, qui comprennent des membres du personnel bénévole et rémunéré des zones où le cyclone a frappé.
Depuis mon arrivée au Vanuatu, j’ai également ressenti un léger tremblement de terre et j’ai reçu des messages d’alerte au tsunami sur mon téléphone. Ces événements sont un rappel constant des défis permanents qui se posent et de l’importance des plans de préparation aux urgences et des activités d’atténuation des risques. Travailler aux côtés des équipes locales a été un véritable privilège pour moi, et j’espère, à l’avenir, pouvoir contribuer davantage et en amont aux initiatives visant à simplifier le processus de préparation.
Afin d’intervenir lors de situations d’urgence comme le passage du cyclone tropical Lola, nous comptons sur le financement polyvalent accordé par nos donatrices et donateurs par l’entremise du Fonds de secours en cas de catastrophes à l’étranger de la Croix-Rouge canadienne. Les dons au Fonds nous aident à fournir des vivres, des abris, des premiers soins, des soins de santé de base et des fournitures médicales aux survivants et survivantes de catastrophes dans les heures qui suivent une catastrophe, bien avant de recevoir le soutien financier de nos donatrices et donateurs. Il nous aide également à mettre en œuvre des programmes de préparation aux urgences afin d’augmenter la force et la résilience des collectivités.