Presque deux mois se sont écoulés depuis que j’ai fait mes bagages et que je me suis envolée vers l’Europe pour prendre part à l’intervention de la Croix-Rouge en réponse au conflit en Ukraine.
Je ne peux m’empêcher de penser aux millions de personnes qui ont aussi quitté leur domicile — dans des circonstances très différentes des miennes — sans savoir ce qui les attendrait à leur retour. Mais le mot « millions » ne leur rend pas justice. Ces personnes sont bien plus qu’un nombre intangible : ce sont des mères, des filles, des fils, des grand-mères, des grands-pères, des tantes, des oncles qui proviennent de tous les milieux. Certaines personnes sont aux études, en affaires ou encore enseignent ou exercent le droit. Et d’autres sont assez âgées pour se souvenir des autres guerres qui ont bouleversé le continent européen.
La ville d’Oujhorod, en Ukraine, est située à trois heures de route de Budapest, en Hongrie, où je me trouve actuellement. On estime que 400 000 personnes en quête de sécurité se sont rendues à la frontière ouest du pays. On les loge dans des usines, des complexes sportifs, des cinémas et même des écoles, qui sont temporairement fermées pour accueillir toutes ces personnes.
La grande équipe dont je fais partie est composée de plus de 100 spécialistes humanitaires de partout dans le monde, mais notre intervention repose en grande partie sur les employé(e)s et les bénévoles de la Société de la Croix-Rouge d’Ukraine et de sept Sociétés nationales de la région.
Depuis les premiers jours de la crise, des milliers de bénévoles de la Croix-Rouge sont présents sur le terrain. En Ukraine, un grand nombre de bénévoles sont directement touchés par la crise, mais ils et elles continuent de risquer leur vie pour que les articles de première nécessité, comme des vivres et de l’eau potable, soient distribués aux personnes ayant trouvé refuge dans les stations de métro et les abris anti-bombes souterrains. Et lorsque la situation le permet, les bénévoles aident les personnes éprouvées à se mettre en sécurité.
Les bénévoles de la Croix-Rouge prodiguent également les premiers soins aux postes frontaliers et distribuent les articles de secours fournis par la Croix-Rouge canadienne grâce au soutien d’Affaires mondiales Canada et d’autres partenaires internationaux. En l’espace de cinq semaines, les bénévoles ont prêté main-forte à plus de 400 000 personnes.
Dans les pays limitrophes, les équipes de la Croix-Rouge sont tout aussi occupées à venir en aide à plus de cinq millions de personnes qui ont traversé les frontières à pied après de longues journées de marche. Les personnes déplacées sont pour la plupart des mères, des enfants et des grands-parents, et elles ont toutes besoin de nourriture, d’eau potable, de soins et d’un endroit où dormir.
À la demande des Sociétés nationales de la région, un groupe international d’intervenants et intervenantes de la Croix-Rouge s’est rendu sur place. Mon travail consiste à sensibiliser le public à ce qui se passe sur le terrain, aux besoins des personnes touchées et aux actions concrètes qui peuvent être mises en œuvre par la population canadienne.
Porter le dossard de la Croix-Rouge canadienne me remplit de fierté, et je me sens honorée quand les gens me confient des bribes de leur histoire. Je pense à un Ukrainien originaire de Sumy qui disait que des bombardements le réveillaient tous les matins. Ou à Anna, une jeune mère d’Oujhorod devenue bénévole de la Croix-Rouge une semaine après le début du conflit parce qu’elle voulait aider les autres.
L’expertise que mes collègues et moi apportons sur le terrain est technique, mais les vrais spécialistes de l’intervention sont les membres du personnel local de la Croix-Rouge. Ce sont eux qui connaissent l’histoire, la culture, les mœurs, la langue et les trajectoires croisées des pays et des peuples de la région.
Voilà où réside toute la force du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : des activités humanitaires locales appuyées par des partenaires internationaux.
Les personnes vivant au Canada qui souhaitent faire un don au profit du Fonds de secours : Crise humanitaire en Ukraine peuvent le faire en ligne sur le site www.croixrouge.ca, en composant le 1 800 418-1111 ou en textant UKRAINE au numéro 20222 (10 $ par texto envoyé).
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