En mars 2020, lorsque le moment est venu de rester à la maison pour aplatir la courbe de la COVID-19, j’étais prête. Mon mari et moi avons mis notre plan en place et nous sommes préparés à vivre une nouvelle réalité où nos sorties seraient réservées à des activités absolument essentielles. Grande amatrice de tricot, j’étais tout à fait prête à rester à la maison entourée de pelotes de laine et à profiter de tout ce temps libre.
Consacrer du temps à développer sa créativité et à travailler sur des projets qui nous procurent de la joie est un excellent moyen de prendre soin de soi. À mon avis, la santé mentale demeure un sujet important dont il faut toujours parler, en particulier en cette période de distanciation physique. Selon un sondage récent, près de la moitié des jeunes adultes souffriraient davantage de problèmes de santé mentale pendant la COVID-19. Avec la pandémie, les journées passent rapidement et lentement : alors que nous avons l’impression d’être coincés à la maison depuis une éternité, nous sommes constamment bombardés d’information et de nouvelles raisons de nous sentir dépassés par la situation. Aujourd’hui, plus que jamais, tricoter fait des merveilles pour ma santé mentale.
Alors que ma liste de « projets pandémie » et ma pile de « tricots COVID » ne cessaient d’augmenter, je ne pouvais m’empêcher de penser aux différents rôles que le tricot a occupés dans l’histoire.
Au cours des Première et Seconde Guerres mondiales, de petits livrets d’instructions sur le tricot ont été distribués partout au Canada. Les femmes s’en servaient pour confectionner des articles essentiels destinés aux soldats et aux civils touchés par les conflits et la Croix-Rouge canadienne (CRC) était chargée de les distribuer. C’était toute une opération! En effet, selon la Halifax Women’s History Society qui a érigé un monument « The Volunteers/Les Bénévoles » rendant hommage aux femmes qui ont fait du bénévolat pendant la Deuxième Guerre mondiale, on estime que 750 000 femmes bénévoles ont tricoté 50 millions d’articles pendant cette guerre seulement.
On peut trouver une copie numérisée d’un de ces livrets en ligne. Il comprend la liste des articles dont l’armée et la marine avaient besoin, notamment des chaussettes, des chandails, des mitaines, des gants et des chapeaux. Alors que je fixais ma montagne de pelotes de laine et que je considérais l’infini de temps libre dont je disposais, mon prochain « projet pandémie » s’est imposé à moi.
Montage de mailles
Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, le rôle de la CRC en période de conflit évolue. Au début, le travail de la CRC et de la Croix-Rouge britannique se limite à venir en aide aux soldats blessés ou aux prisonniers de guerre, et les articles sont tricotés pour réconforter les soldats et leur faire savoir qu’une personne au pays pensait à eux. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, la CRC, maintenant indépendante de la Croix-Rouge britannique, décide d’élargir son mandat afin de porter secours aux civils touchés par la guerre. Au début, la CRC vient en aide aux civils britanniques victimes de raids aériens, mais bientôt, ce soutien s’étend aux civils de plusieurs pays occupés, en particulier après le débarquement de Normandie en 1944, où elle prête assistance à des populations qui n’avaient pas eu accès à de l’aide en raison de leur isolement.
Mon lot de pelotes de laine contient comme par hasard tout ce dont j’ai besoin pour tricoter une paire de mitaines. D’après les instructions figurant dans le livret, les mitaines doivent être de couleur kaki ou d’une autre couleur convenant aux militaires. Mon choix s’est porté sur de la laine grise qui me semble acceptable dans ce contexte. J’ai cependant dû faire quelques recherches sur Google pour trouver la bonne taille d’aiguille à tricoter puisque les dimensions indiquées étaient basées sur les tailles britanniques. Après quelques recherches rapides, je me suis rendu compte que je disposais de tout le matériel nécessaire.
J’aime tricoter des mitaines; c’est une activité qui me détend et les voir prendre forme me procure un grand plaisir. Alors que j’étais plongée dans cette activité, je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir une pensée pour ces femmes du passé qui faisaient exactement la même chose que moi. Les bénévoles jouent un rôle crucial dans le travail de la Croix-Rouge. Aujourd’hui, s’ils ne tricotent plus des mitaines pour mettre du baume au cœur des soldats qui ont le mal du pays, ils tendent la main aux personnes qui souffrent en cette période d’isolement, ils viennent en aide aux Canadiens de retour au pays, ils distribuent des repas, et bien plus encore. Alors que la plupart des gens concentrent leurs efforts sur les personnes touchées par la COVID-19, les bénévoles continuent à venir en aide à ceux qui font face à des sinistres comme des incendies résidentiels. Même si la nature du travail a changé, le désir d’aider les autres demeure le même. Je me sentais tellement heureuse de participer à quelque chose de plus grand que moi que j’ai raté quelques mailles alors que j’étais perdue dans mes pensées.
Tous les articles distribués étaient minutieusement inspectés pour s’assurer qu’ils respectaient les spécifications des instructions. Je me plais à croire que ma paire de mitaines aurait répondu aux critères de la Croix-Rouge. Étant donné que la Croix-Rouge n’accepte pas les dons en nature pour le moment, j’ai décidé de donner ma paire de mitaines à un groupe local qui les distribue aux personnes en situation d’itinérance.
Si cela vous intéresse, vous pouvez trouver une copie des instructions pour les articles à tricoter (en anglais) en ligne. Si vous souhaitez vous joindre à la Croix-Rouge, apprenez-en davantage sur les possibilités de bénévolat, y compris les rôles que vous pouvez jouer lors d’une intervention en lien avec la COVID-19.
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