« À la fin de l’année 2005, j’étais à la recherche d’un organisme au sein duquel je pouvais m’impliquer. À quelques années de ma retraite, j’avais dirigé des équipes comptant une vingtaine d’employés techniques. Ce n’était vraiment pas la philanthropie qui m’intéressait, mais plutôt l’intervention. La Croix-Rouge m’a particulièrement interpellé. J’ai postulé et on m’a rappelé », mentionne Denis Lessard.
« Au début de 2006, j’ai officiellement fait mon entrée à la Croix-Rouge pour faire partie de l’équipe d’intervention pour le Grand Québec métropolitain. Ma mentore a été Josée Bélanger, qui a été décorée du Service méritoire exceptionnel de la Croix-Rouge, la plus haute distinction de l’organisme au Québec. L’Équipe d’intervention services aux individus (EISI) – son nom aujourd’hui – est celle qui s’occupe des sinistres mineurs. Le premier service que l’on offre en arrivant sur les lieux est le réconfort aux sinistrés, puis il y a l’hébergement, l’alimentation et l’habillement. De garde une semaine sur trois, 24 heures sur 24, nous étions à l’époque sept ou huit bénévoles par équipe. Les incendies résidentiels constituent la majorité des interventions de ce groupe et se déroulent généralement durant la nuit », a-t-il ajouté.
Des incendies qui l’ont marqué à vie
Parmi les incendies qui l’ont particulièrement marqué, le premier s’est déroulé à la fin de l’année 2006 dans le quartier Saint-Sauveur, à Québec, lors de sa première année à la Croix-Rouge. « Premier bénévole arrivé sur les lieux du sinistre et ne bénéficiant pas d’expérience, je me dirige vers une dame à peu près pas habillée et accroupie sur le trottoir afin de lui tendre une couverture. Alors que je m’adresse à elle, elle m’annonce, que son fils d’environ 11 ans avait péri dans l’incendie. Un terrible choc pour elle, mais aussi pour moi. J’ai essayé de l’encourager en lui disant que les pompiers allaient peut-être le sortir en vie de l’incendie, mais… On a, bien évidemment, pris en charge la dame dans une voiture. Il y a environ un incendie avec au moins un décès par trois ou quatre années. Lorsqu’il s’agit d’un enfant, cela double l’effet, c’est traumatisant », de dire Denis.
« Le plus marquant des incendies pour lesquels je suis intervenu s’est déroulé dans une résidence pour personnes âgées, Les Habitations Gamelin, lors d’une tempête de neige très importante en 2017. Il s’agissait assurément de la chute de neige la plus importante des 10 dernières années. Il n’y avait aucun repère lorsque j’ai descendu la côte Saint-Sacrement en voiture, après 22 h, afin d’atteindre la résidence située près du cimetière Saint-Charles. Bien qu’il n’y ait pas eu de décès, il a fallu que la Ville de Québec fasse venir de la machinerie pour dégager la rue afin que l’accès à cette résidence, située aux abords du cimetière Saint-Charles, soit dégagé. Les pompiers ont réussi de peine et de misère. ».
« Les personnes âgées avaient trouvé refuge dans la salle de réception, au palier inférieur. Il n’y avait ni électricité, ni chauffage. De l’eau, provenant des étages supérieurs, et des tuiles leur tombaient sur la tête. Trois autobus ont pu s’approcher. Les bénévoles de la Croix-Rouge ont prêté main-forte aux résidents afin qu’ils puissent y prendre place. On a aidé des personnes en marchette à enjamber les bancs de neige. On a remis des couvertures et des bas. D’autres bénévoles de la Croix-Rouge attendaient les résidents à l’hôtel. On a terminé les transferts vers 6 h du matin et de prendre soin des gens à l’hôtel au cours de l’après-midi. Des travailleurs psychosociaux, des infirmières et des intervenants en santé mentale ont été mobilisés et des médicaments commandés. ». Visionnez la vidéo:
Bénévole à l’extérieur de la Capitale-Nationale
Âgé aujourd’hui de 64 ans, Denis Lessard, qui est titulaire d’un baccalauréat en génie électrique de l’Université Laval, se plait à dire qu’il est le plus haut gradué non employé au service des sinistrés au Québec. Le fait que l’Université Laval, son employeur pendant de nombreuses années, lui ait permis de quitter son travail sans pénalité jusqu’à une semaine par année pour appuyer la Croix-Rouge a assurément assuré sa participation à diverses interventions.
L’implication de ce grand bénévole ne s’est pas limitée aux sinistres dans la région de la Capitale-Nationale. Il est entre autres intervenu lors des feux de forêt en 2010 à Wemotaci, une réserve des Attikameks prenant place à 115 km au nord de La Tuque, ville au sein de laquelle était basé le centre d’hébergement. Il a pris part aux équipes sur le terrain, voire opéré les centres d’accueil et d’information de la Croix-Rouge, lors des inondations en Montérégie en 2011 de même qu’à Sainte-Marthe-sur-le-Lac et à Gatineau en 2017, sans oublier les quatre centres d’hébergement à Calgary et dans ses environs en 2013.
Enfin, il a agi, en 2010, comme délégué de la Croix-Rouge internationale à Léogâne, en Haïti, après le terrible séisme. Il était affecté au démarrage d’un programme de gestion des risques et des désastres auprès de cette communauté.
« Mon implication à la Croix-Rouge, termine-t-il, est une belle façon de rendre aux autres, car la vie m’a gâté. C’est comme passer au suivant. La Croix-Rouge, c’est comme une grande famille au sein de laquelle l’entraide se révèle importante et je suis heureux d’en faire partie. Bien que je sois parfois en état de choc, ma paie à titre de bénévole vient des mots de remerciement de la part de ces sinistrés en détresse. »
Denis Lessard a reçu en 2019 à la fois l’Attestation de reconnaissance de l’engagement bénévole de la part du gouvernement du Québec et de la Croix-Rouge canadienne et le prix du Service méritoire exceptionnel décerné par la Croix-Rouge canadienne, Québec. Merci Monsieur Lessard pour toute votre implication, votre leadership remarquable et votre généreuse disponibilité auprès des sinistrés! Vous êtes notre héros!
Propos recueillis par Julie Gagné, Croix-Rouge canadienne
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