Par Jennifer Barnable, rédactrice principale de contenu numérique
Lorsque mon certificat de secourisme a expiré durant la pandémie, j’ai su qu’il était temps de le renouveler. En temps normal, j’aurais été impatiente de rafraîchir mes compétences et mes connaissances, car on ne sait jamais quand une urgence peut survenir.
Cependant, j’ai hésité un peu.
Depuis la dernière fois où j’ai renouvelé mon certificat, ma mobilité s’est beaucoup réduite, et je me sentais moins à l’aise à l’idée de suivre une formation. J’avais des doutes quant à ma capacité à réussir le cours, en particulier le volet sur la réanimation cardiorespiratoire (RCR). Mais surtout, je voulais être sûre de pouvoir intervenir si je me retrouvais devant une personne dans le besoin.
Qu’à cela ne tienne, je me suis inscrite à une formation mixte en ligne et j’ai suivi les cours de secourisme en classe chez Lifeshield, un partenaire de formation de la Croix-Rouge canadienne en Nouvelle-Écosse. Alors que je travaillais sur le volet en ligne de la formation, je me suis rendu compte que le matériel comprenait des mesures d’adaptation pour certaines techniques de secourisme.
À mon arrivée sur le lieu de la formation pour suivre le volet en classe, je me suis entretenue en privé avec Larry, le moniteur, afin de lui faire part de mes besoins. Il m’a assuré que la séance d’une journée que nous allions commencer comprenait des mesures d’adaptation pour les apprenant(e)s. Soulagée, mais quelque peu inquiète, j’étais prête à rafraîchir mes connaissances sur les techniques qui me permettraient de sauver des vies.
Alors que nous nous préparions à commencer une journée de formation bien remplie dans le respect des mesures sanitaires contre la COVID-19, j’ai commencé à réfléchir à l’importance d’adapter les formations en secourisme afin de rendre plus accessibles et inclusives pour toutes les personnes qui suivent les cours, et pas seulement pour moi.
Selon moi, prévoir des options d’apprentissage adaptées relève du gros bon sens. Plus il y a de possibilités de suivre des formations en secourisme, plus le nombre de personnes prêtes à intervenir en cas d’urgence au quotidien sera élevé.
Comment rendre les formations inclusives
Selon Statistiques Canada, plus de 5,3 millions de Canadiens et Canadiennes de tous âges vivent avec un handicap, ce qui signifie que près de 16 % de la population canadienne vit avec une forme d’invalidité ayant des répercussions sur sa qualité de vie et son niveau de liberté et d’indépendance. À l’échelle mondiale, un milliard de personnes (soit une personne sur cinq) vivent avec un handicap, comme l’indiquent des rapports de l’Organisation mondiale de la Santé et des Nations Unies.
Cette réalité ne doit pas être négligée par les concepteur(-trice)s et les formateur(-trice)s des programmes de secourisme qui s’adressent à des participant(e)s provenant de milieux variés et possédant des connaissances, des techniques et des expériences de vie qui leur sont propres. Rendre l’apprentissage plus accessible permet à tous les membres de la communauté de s’en prévaloir, soit pour acquérir des connaissances pratiques, obtenir un certificat pour des raisons professionnelles ou faire du bénévolat dans leur communauté.
Parmi les apprenant(e)s en secourisme, on retrouve des personnes à mobilité réduite, des personnes souffrant de problèmes d’audition, de douleurs chroniques, d’arthrite ou de déficiences cognitives, ou encore des personnes qui portent des prothèses. Il arrive également que certain(e)s participant(e)s souffrent de blessures ou de maladies ponctuelles comme des douleurs au dos, aux genoux, aux hanches ou aux bras qui les empêchent de faire les exercices au sol pendant la formation.
Le vieillissement entraîne également une diminution progressive de la force et de la mobilité. Par exemple, la limitation des fonctions de la main et de l’épaule peut avoir un impact sur la force de la prise, l’équilibre et toute une chaîne de mouvement, et, par conséquent, sur les techniques de secourisme. L’adaptation des formations en secourisme s’avère également tout à fait pertinente dans ces cas.
La Croix-Rouge adopte une approche inclusive en matière de formation en secourisme
La Croix-Rouge canadienne s’efforce d’offrir des formations inclusives et accessibles afin que toutes les personnes qui le désirent puissent apprendre les techniques de secourisme. Souhaitant en savoir davantage, j’ai discuté avec des spécialistes en conception et animation de programmes de secourisme.
« Le désir de maîtriser les connaissances et les techniques permettant de sauver des vies est universel, explique Joanna Muise, conseillère principale pour les programmes de secourisme de la Croix-Rouge canadienne. Prendre soin des autres en leur prodiguant les premiers soins fait partie intégrante de nos valeurs et remonte à nos débuts en tant qu’organisation humanitaire, lorsqu’Henri Dunant s’est porté au secours de soldats blessés lors de la bataille de Solferino en 1859 ».
Joanna ajoute : « La formation en secourisme incite les personnes et les communautés à prendre soin les unes des autres et les aide à acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour dispenser des soins aux individus malades ou blessés lorsqu’ils en ont besoin. La formation comprend également des volets pour aider les participant(e)s à reconnaître leurs limites personnelles à et mettre en place des mesures d’adaptation, le cas échéant. Les moniteur(-trice)s ont pour objectif de rendre l’expérience d’apprentissage du secourisme aussi accessible que possible en adaptant les plans de leçon et en proposant des mesures d’adaptation ».
Ces mesures d’adaptation peuvent comprendre le fait d’offrir à un(e) apprenant(e) ayant de la difficulté à lire l’option d’effectuer l’évaluation des connaissances à l’oral et non à l’écrit; ou de proposer à un(e) apprenant(e) à mobilité réduite d’utiliser une table pour démontrer les techniques de RCR au lieu de le faire par terre.
Les petites adaptations produisent de grands résultats
De retour dans la classe de Lifeshield, nous sommes passé(e)s au volet RCR de la formation. Au cours de cette partie que j’attendais avec beaucoup d’appréhension, j’ai été soulagée de constater qu’il était possible d’apporter des adaptations au positionnement du mannequin pour effectuer les compressions thoraciques.
Grâce aux conseils du moniteur et en modifiant légèrement ma posture, j’ai pu effectuer une série de compressions du thorax rythmiques et atteindre ainsi les objectifs fixés. De telles mesures d’adaptation, aussi mineures soient-elles, produisent des résultats importants. Dans mon cas, cela m’a démontré que j’étais toujours capable de faire la RCR et de maintenir une personne en vie.
Pendant la pratique au sol avec mon partenaire (nous portions tous les deux un masque et des gants), j’ai également appris à utiliser davantage le poids du bas de mon corps pour réaliser certaines techniques. Le fait d’utiliser mon genou pour faire doucement rouler mon partenaire et le placer en position latérale de sécurité m’a permis de ménager la partie supérieure de mon corps. Nous avons appris que cette adaptation est idéale lorsque la personne à qui vous venez en aide est plus imposante physiquement que vous ou si vous avez une mobilité ou une force réduite au moment de l’intervention. Notre moniteur nous a également indiqué que ce mouvement pourrait se révéler utile si nous étions nous-mêmes blessé(e)s lors du même accident et étions la seule personne présente et en mesure d’intervenir.
Pendant la journée, le moniteur s’est discrètement assuré que tout allait bien pour moi, ce qui m’a permis de me concentrer sur l’application des différences séquences de techniques. Grâce à son encadrement et à une simple mesure d’adaptation qu’il m’a proposée, j’ai facilement pu suivre la cadence de cinq cycles de RCR par deux minutes. Ma confiance en mes compétences renouvelée, j’avais bien hâte de découvrir les techniques de secourisme suivantes.
Grâce à la discrétion du moniteur, je n’ai pas attiré l’attention de mes pairs et je ne me suis pas sentie différente des autres. Voilà à quoi ressemble une inclusion réussie. Certain(e)s de mes camarades de classe ont également pu bénéficier de mesures d’adaptation mineures, et ce, pour diverses raisons, tandis que d’autres ont posé des questions pertinentes sur l’aide qu’ils et elles pouvaient offrir aux personnes vivant avec un handicap lors d’une situation d’urgence.
J’ai pu vivre une expérience de formation en secourisme enrichissante et inclusive grâce au soutien du moniteur qui a su mettre l’accent sur la mise en place de mesures d’adaptation appropriées.
Une passion pour la création d’expériences de formation en secourisme accessibles
Carolyn Hoekstra est membre du Conseil canadien de l’enseignement des premiers soins et instructrice de longue date chez Christian Horizons, un partenaire de formation de la Croix-Rouge. Caroline n’est pas étrangère aux questions de défense de l’accès aux formations de secourisme pour tous et toutes, puisqu’elle conçoit et anime des cours tout en encadrant des moniteurs et des monitrices.
« Grâce aux différents rôles que j’ai occupés, je me suis très vite rendu compte à quel point il était important d’offrir des mesures d’adaptation aux apprenant(e)s ayant des troubles du développement et de l’apprentissage, déclare Carolyn. Le principal objectif des moniteur(-trice)s est de rendre l’apprentissage accessible et réalisable au plus grand nombre. Cependant, j’ai remarqué que le contenu et le calendrier des cours de secourisme n’étaient pas toujours adaptés aux besoins d’apprentissage des participant(e)s ».
Selon Carolyn, les apprenant(e)s vivant avec un handicap et ceux et celles dont l’anglais n’est pas la langue maternelle accusent rapidement un retard par rapport aux autres. Elle a donc décidé de changer les choses.
« J’ai réalisé que même si les participants et les participantes connaissaient et comprenaient les concepts et les techniques de secourisme présentés en classe, la structure et le rythme des cours n’étaient pas adaptés à leurs besoins. Plusieurs ont terminé l’expérience en ressentant des sentiments de frustration et de déception à l’idée de ne pas avoir obtenu leur certificat de la Croix-Rouge et j’étais déterminée à changer cette situation. J’ai alors commencé à faire des démarches pour favoriser la conception de techniques de formation en secourisme adaptées et j’en ai moi-même créé quelques-unes ».
Avantages de la formation en secourisme adaptée
La formation en secourisme adaptée peut renforcer la confiance d’un(e) apprenant(e) et augmenter les chances que cette personne intervienne e n cas d’urgence.
« Avant d’être en mesure d’intervenir, nous devons tous et toutes avoir confiance en nos connaissances et nos techniques et avoir la certitude que nous sommes capables d’intervenir lorsque cela est nécessaire, explique Joanna. Les programmes de secourisme de la Croix-Rouge sont axés sur les besoins et les centres d’intérêt des participant(e)s et leur objectif est d’augmenter leur confiance et leur compréhension des techniques et des comportements en matière de secourisme. Nous avons créé un environnement d’apprentissage sécuritaire et favorable où règne un esprit de collaboration afin de permettre aux apprenant(e)s de s’y épanouir ».
Joanna remarque également que les programmes de secourisme de la Croix-Rouge ont évolué au fil des ans afin de devenir plus inclusifs.
« Depuis plusieurs années, nous déployons des efforts pour simplifier la nature technique du contenu de notre programme de secourisme chaque fois que cela est possible, ajoute-t-elle. Auparavant, les consignes à suivre pour placer une personne en position latérale de sécurité étaient compliquées et elles intimidaient les apprenant(e)s. Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur le motif de l’utilisation d’une telle position, puis nous fournissons des conseils simples sur la manière de réaliser cette tâche en toute confiance ».
Carolyn est tout à fait d’accord. « Après des années à animer des cours de secourisme qui ne menaient pas au certificat et à la tête du Conseil canadien de l’enseignement des premiers soins en vue d’explorer des stratégies permettant d’appuyer des intervenant(e)s d’horizons variés, je suis convaincue que la formation en secourisme adaptée offre aux personnes vivant avec un handicap une expérience d’apprentissage plus équitable. L’utilisation de mesures d’adaptation spécifiques permet aux apprenant(e)s d’acquérir des connaissances et des techniques importantes, d’avoir un taux de certification élevé et de ressentir un sentiment de fierté et d’accomplissement à l’idée de maîtriser ces compétences essentielles ».
Pratiques exemplaires de la formation en secourisme adaptée
L’expérience de Carolyn en matière de soutien aux apprenant(e)s en secourisme souffrant de troubles cognitifs, de troubles du développement et de handicaps l’a aidée à adapter la prestation de ses cours et de les rendre plus accessibles. Je lui ai demandé si ces changements avaient produit des résultats concrets et si elle pouvait nous donner une exemple de pratiques exemplaires.
« Les moniteur(-trice)s peuvent adapter leurs cours de différentes façons pour permettre aux participant(e)s de se concentrer sur l’apprentissage des concepts de secourisme et sur la mise en pratique de leurs techniques, ajoute-t-elle. Au fil des années, j’ai mis en pratique un certain nombre de mesures d’adaptation et j’ai pu remarquer une augmentation des résultats des participant(e)s. Certain(e)s sont même passé(e)s d’une note de passage minimale à des notes situées entre 85 % et 100 % ».
Exemples de pratiques exemplaires pour la formation en secourisme adaptée :
La formation en secourisme est l’affaire de tous et toutes
La Croix-Rouge canadienne souhaite que toutes les personnes qui se considèrent comme des secouristes puissent atteindre leurs objectifs d’apprentissage et se sentir en confiance et prêtes à intervenir en cas d’urgence.
Carolyn partage ce sentiment. « Chaque personne devrait pouvoir suivre une formation en secourisme à un niveau approprié à ses capacités. Étant donné que la plupart de ces techniques serviront à des interventions en cas d’urgence à la maison, il est important que chacun puisse se doter des compétences permettant de sauver des vies. Un atelier d’initiation au secourisme ne menant pas au certificat peut aider à préparer les personnes à prendre soin d’elles-mêmes ou de leurs proches en cas d’urgence, alors que celles qui ont besoin d’un certificat de la Croix-Rouge pour des raisons professionnelles ou pour faire du bénévolat dans leur communauté peuvent opter pour des formations adaptées à leurs besoins. »
En tant qu’apprenante en secourisme à la Croix-Rouge, j’ai vraiment apprécié mon expérience de formation. En dépit de mes incertitudes et de mes préoccupations initiales à propos de ma mobilité actuelle, j’ai quitté la formation avec la même assurance que par le passé.
Même si je ne suis plus en mesure d’effectuer les mêmes mouvements qu’auparavant, il y a une chose qui ne change pas : je suis et je resterai une secouriste. Nous sommes aussi différents et différentes que les communautés dont nous sommes issu(e)s, mais nous partageons la même compassion pour les autres, et c’est ce qui nous motive à apprendre et à nous tenir prêts et prêtes à intervenir lorsque cela est nécessaire.
La formation en secourisme adaptée de la Croix-Rouge est la voie à suivre pour vous préparer à intervenir, peu importe si l’obtention du certificat de secourisme de la Croix-Rouge est motivée par des raisons professionnelles ou simplement pour une meilleure préparation en cas d’urgence.
Les informations se trouvant dans cet article sont transmises à titre indicatif seulement et elles ne remplacent pas une formation en secourisme. Pour trouver un cours de secourisme près de chez vous, cliquez ici. Téléchargez gratuitement l’application de secourisme de la Croix-Rouge afin de mettre en pratique et de maintenir vos connaissances susceptibles de sauver des vies.
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Une monitrice de RCR à la retraite sauve la vie de sa voisine grâce à sa réaction rapide
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Cependant, j’ai hésité un peu.
Depuis la dernière fois où j’ai renouvelé mon certificat, ma mobilité s’est beaucoup réduite, et je me sentais moins à l’aise à l’idée de suivre une formation. J’avais des doutes quant à ma capacité à réussir le cours, en particulier le volet sur la réanimation cardiorespiratoire (RCR). Mais surtout, je voulais être sûre de pouvoir intervenir si je me retrouvais devant une personne dans le besoin.
Qu’à cela ne tienne, je me suis inscrite à une formation mixte en ligne et j’ai suivi les cours de secourisme en classe chez Lifeshield, un partenaire de formation de la Croix-Rouge canadienne en Nouvelle-Écosse. Alors que je travaillais sur le volet en ligne de la formation, je me suis rendu compte que le matériel comprenait des mesures d’adaptation pour certaines techniques de secourisme.À mon arrivée sur le lieu de la formation pour suivre le volet en classe, je me suis entretenue en privé avec Larry, le moniteur, afin de lui faire part de mes besoins. Il m’a assuré que la séance d’une journée que nous allions commencer comprenait des mesures d’adaptation pour les apprenant(e)s. Soulagée, mais quelque peu inquiète, j’étais prête à rafraîchir mes connaissances sur les techniques qui me permettraient de sauver des vies.
Alors que nous nous préparions à commencer une journée de formation bien remplie dans le respect des mesures sanitaires contre la COVID-19, j’ai commencé à réfléchir à l’importance d’adapter les formations en secourisme afin de rendre plus accessibles et inclusives pour toutes les personnes qui suivent les cours, et pas seulement pour moi.
Selon moi, prévoir des options d’apprentissage adaptées relève du gros bon sens. Plus il y a de possibilités de suivre des formations en secourisme, plus le nombre de personnes prêtes à intervenir en cas d’urgence au quotidien sera élevé.
Comment rendre les formations inclusives
Selon Statistiques Canada, plus de 5,3 millions de Canadiens et Canadiennes de tous âges vivent avec un handicap, ce qui signifie que près de 16 % de la population canadienne vit avec une forme d’invalidité ayant des répercussions sur sa qualité de vie et son niveau de liberté et d’indépendance. À l’échelle mondiale, un milliard de personnes (soit une personne sur cinq) vivent avec un handicap, comme l’indiquent des rapports de l’Organisation mondiale de la Santé et des Nations Unies.Cette réalité ne doit pas être négligée par les concepteur(-trice)s et les formateur(-trice)s des programmes de secourisme qui s’adressent à des participant(e)s provenant de milieux variés et possédant des connaissances, des techniques et des expériences de vie qui leur sont propres. Rendre l’apprentissage plus accessible permet à tous les membres de la communauté de s’en prévaloir, soit pour acquérir des connaissances pratiques, obtenir un certificat pour des raisons professionnelles ou faire du bénévolat dans leur communauté.
Parmi les apprenant(e)s en secourisme, on retrouve des personnes à mobilité réduite, des personnes souffrant de problèmes d’audition, de douleurs chroniques, d’arthrite ou de déficiences cognitives, ou encore des personnes qui portent des prothèses. Il arrive également que certain(e)s participant(e)s souffrent de blessures ou de maladies ponctuelles comme des douleurs au dos, aux genoux, aux hanches ou aux bras qui les empêchent de faire les exercices au sol pendant la formation.
Le vieillissement entraîne également une diminution progressive de la force et de la mobilité. Par exemple, la limitation des fonctions de la main et de l’épaule peut avoir un impact sur la force de la prise, l’équilibre et toute une chaîne de mouvement, et, par conséquent, sur les techniques de secourisme. L’adaptation des formations en secourisme s’avère également tout à fait pertinente dans ces cas.
La Croix-Rouge adopte une approche inclusive en matière de formation en secourisme
La Croix-Rouge canadienne s’efforce d’offrir des formations inclusives et accessibles afin que toutes les personnes qui le désirent puissent apprendre les techniques de secourisme. Souhaitant en savoir davantage, j’ai discuté avec des spécialistes en conception et animation de programmes de secourisme.
« Le désir de maîtriser les connaissances et les techniques permettant de sauver des vies est universel, explique Joanna Muise, conseillère principale pour les programmes de secourisme de la Croix-Rouge canadienne. Prendre soin des autres en leur prodiguant les premiers soins fait partie intégrante de nos valeurs et remonte à nos débuts en tant qu’organisation humanitaire, lorsqu’Henri Dunant s’est porté au secours de soldats blessés lors de la bataille de Solferino en 1859 ».
Joanna ajoute : « La formation en secourisme incite les personnes et les communautés à prendre soin les unes des autres et les aide à acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour dispenser des soins aux individus malades ou blessés lorsqu’ils en ont besoin. La formation comprend également des volets pour aider les participant(e)s à reconnaître leurs limites personnelles à et mettre en place des mesures d’adaptation, le cas échéant. Les moniteur(-trice)s ont pour objectif de rendre l’expérience d’apprentissage du secourisme aussi accessible que possible en adaptant les plans de leçon et en proposant des mesures d’adaptation ».
Ces mesures d’adaptation peuvent comprendre le fait d’offrir à un(e) apprenant(e) ayant de la difficulté à lire l’option d’effectuer l’évaluation des connaissances à l’oral et non à l’écrit; ou de proposer à un(e) apprenant(e) à mobilité réduite d’utiliser une table pour démontrer les techniques de RCR au lieu de le faire par terre.
Les petites adaptations produisent de grands résultats
De retour dans la classe de Lifeshield, nous sommes passé(e)s au volet RCR de la formation. Au cours de cette partie que j’attendais avec beaucoup d’appréhension, j’ai été soulagée de constater qu’il était possible d’apporter des adaptations au positionnement du mannequin pour effectuer les compressions thoraciques.
Grâce aux conseils du moniteur et en modifiant légèrement ma posture, j’ai pu effectuer une série de compressions du thorax rythmiques et atteindre ainsi les objectifs fixés. De telles mesures d’adaptation, aussi mineures soient-elles, produisent des résultats importants. Dans mon cas, cela m’a démontré que j’étais toujours capable de faire la RCR et de maintenir une personne en vie.
Pendant la pratique au sol avec mon partenaire (nous portions tous les deux un masque et des gants), j’ai également appris à utiliser davantage le poids du bas de mon corps pour réaliser certaines techniques. Le fait d’utiliser mon genou pour faire doucement rouler mon partenaire et le placer en position latérale de sécurité m’a permis de ménager la partie supérieure de mon corps. Nous avons appris que cette adaptation est idéale lorsque la personne à qui vous venez en aide est plus imposante physiquement que vous ou si vous avez une mobilité ou une force réduite au moment de l’intervention. Notre moniteur nous a également indiqué que ce mouvement pourrait se révéler utile si nous étions nous-mêmes blessé(e)s lors du même accident et étions la seule personne présente et en mesure d’intervenir.
Pendant la journée, le moniteur s’est discrètement assuré que tout allait bien pour moi, ce qui m’a permis de me concentrer sur l’application des différences séquences de techniques. Grâce à son encadrement et à une simple mesure d’adaptation qu’il m’a proposée, j’ai facilement pu suivre la cadence de cinq cycles de RCR par deux minutes. Ma confiance en mes compétences renouvelée, j’avais bien hâte de découvrir les techniques de secourisme suivantes.
Grâce à la discrétion du moniteur, je n’ai pas attiré l’attention de mes pairs et je ne me suis pas sentie différente des autres. Voilà à quoi ressemble une inclusion réussie. Certain(e)s de mes camarades de classe ont également pu bénéficier de mesures d’adaptation mineures, et ce, pour diverses raisons, tandis que d’autres ont posé des questions pertinentes sur l’aide qu’ils et elles pouvaient offrir aux personnes vivant avec un handicap lors d’une situation d’urgence.
J’ai pu vivre une expérience de formation en secourisme enrichissante et inclusive grâce au soutien du moniteur qui a su mettre l’accent sur la mise en place de mesures d’adaptation appropriées.
Une passion pour la création d’expériences de formation en secourisme accessibles
Carolyn Hoekstra est membre du Conseil canadien de l’enseignement des premiers soins et instructrice de longue date chez Christian Horizons, un partenaire de formation de la Croix-Rouge. Caroline n’est pas étrangère aux questions de défense de l’accès aux formations de secourisme pour tous et toutes, puisqu’elle conçoit et anime des cours tout en encadrant des moniteurs et des monitrices.
« Grâce aux différents rôles que j’ai occupés, je me suis très vite rendu compte à quel point il était important d’offrir des mesures d’adaptation aux apprenant(e)s ayant des troubles du développement et de l’apprentissage, déclare Carolyn. Le principal objectif des moniteur(-trice)s est de rendre l’apprentissage accessible et réalisable au plus grand nombre. Cependant, j’ai remarqué que le contenu et le calendrier des cours de secourisme n’étaient pas toujours adaptés aux besoins d’apprentissage des participant(e)s ».
Selon Carolyn, les apprenant(e)s vivant avec un handicap et ceux et celles dont l’anglais n’est pas la langue maternelle accusent rapidement un retard par rapport aux autres. Elle a donc décidé de changer les choses.
« J’ai réalisé que même si les participants et les participantes connaissaient et comprenaient les concepts et les techniques de secourisme présentés en classe, la structure et le rythme des cours n’étaient pas adaptés à leurs besoins. Plusieurs ont terminé l’expérience en ressentant des sentiments de frustration et de déception à l’idée de ne pas avoir obtenu leur certificat de la Croix-Rouge et j’étais déterminée à changer cette situation. J’ai alors commencé à faire des démarches pour favoriser la conception de techniques de formation en secourisme adaptées et j’en ai moi-même créé quelques-unes ».
Avantages de la formation en secourisme adaptée
La formation en secourisme adaptée peut renforcer la confiance d’un(e) apprenant(e) et augmenter les chances que cette personne intervienne e n cas d’urgence.
« Avant d’être en mesure d’intervenir, nous devons tous et toutes avoir confiance en nos connaissances et nos techniques et avoir la certitude que nous sommes capables d’intervenir lorsque cela est nécessaire, explique Joanna. Les programmes de secourisme de la Croix-Rouge sont axés sur les besoins et les centres d’intérêt des participant(e)s et leur objectif est d’augmenter leur confiance et leur compréhension des techniques et des comportements en matière de secourisme. Nous avons créé un environnement d’apprentissage sécuritaire et favorable où règne un esprit de collaboration afin de permettre aux apprenant(e)s de s’y épanouir ».
Joanna remarque également que les programmes de secourisme de la Croix-Rouge ont évolué au fil des ans afin de devenir plus inclusifs.
« Depuis plusieurs années, nous déployons des efforts pour simplifier la nature technique du contenu de notre programme de secourisme chaque fois que cela est possible, ajoute-t-elle. Auparavant, les consignes à suivre pour placer une personne en position latérale de sécurité étaient compliquées et elles intimidaient les apprenant(e)s. Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur le motif de l’utilisation d’une telle position, puis nous fournissons des conseils simples sur la manière de réaliser cette tâche en toute confiance ».Carolyn est tout à fait d’accord. « Après des années à animer des cours de secourisme qui ne menaient pas au certificat et à la tête du Conseil canadien de l’enseignement des premiers soins en vue d’explorer des stratégies permettant d’appuyer des intervenant(e)s d’horizons variés, je suis convaincue que la formation en secourisme adaptée offre aux personnes vivant avec un handicap une expérience d’apprentissage plus équitable. L’utilisation de mesures d’adaptation spécifiques permet aux apprenant(e)s d’acquérir des connaissances et des techniques importantes, d’avoir un taux de certification élevé et de ressentir un sentiment de fierté et d’accomplissement à l’idée de maîtriser ces compétences essentielles ».
Pratiques exemplaires de la formation en secourisme adaptée
L’expérience de Carolyn en matière de soutien aux apprenant(e)s en secourisme souffrant de troubles cognitifs, de troubles du développement et de handicaps l’a aidée à adapter la prestation de ses cours et de les rendre plus accessibles. Je lui ai demandé si ces changements avaient produit des résultats concrets et si elle pouvait nous donner une exemple de pratiques exemplaires.
« Les moniteur(-trice)s peuvent adapter leurs cours de différentes façons pour permettre aux participant(e)s de se concentrer sur l’apprentissage des concepts de secourisme et sur la mise en pratique de leurs techniques, ajoute-t-elle. Au fil des années, j’ai mis en pratique un certain nombre de mesures d’adaptation et j’ai pu remarquer une augmentation des résultats des participant(e)s. Certain(e)s sont même passé(e)s d’une note de passage minimale à des notes situées entre 85 % et 100 % ».
Exemples de pratiques exemplaires pour la formation en secourisme adaptée :
- Créer des plans de leçon cohérents comprenant des démonstrations des techniques claires;
- Mettre l’accent sur l’encadrement des techniques et sur une approche tactile;
- Adapter le rythme des exercices;
- Augmenter la fréquence des discussions en classe et des activités de groupes;
- Créer des scénarios appropriés et concrets pouvant être résolus de manière pratique;
- Mettre à la disposition des participant(e)s des cartes graphiques contenant des mots permettant d’organiser les techniques étape par étape;
- Privilégier l’apprentissage pratique à l’aide d’accessoires, de mannequins et de partenaires;
- Planifier les segments et les activités liés aux cours en fonction des besoins des apprenant(e)s, (p. ex. leur durée d’attention, leurs limitations physiques);
- Présenter les séances riches en contenu en divisant la matière en plusieurs sections abordées sur plusieurs jours;
- Éliminer la crainte des évaluations en offrant des tests plus courts après chaque chapitre et non plus un seul test à la fin d’une longue journée;
- Proposer des options de tests oraux ou audio (par exemple, le[la] moniteur[-trice] lit les questions à voix haute);
- Laisser les apprenant(e)s choisir entre des tests oraux et des tests écrits;
- Adapter les activités au sol pour les participant(e)s à mobilité réduite en proposant de mettre les techniques en pratique en position debout, penchée ou assise;
- Ne pas oublier de s’amuser!
La formation en secourisme est l’affaire de tous et toutes
La Croix-Rouge canadienne souhaite que toutes les personnes qui se considèrent comme des secouristes puissent atteindre leurs objectifs d’apprentissage et se sentir en confiance et prêtes à intervenir en cas d’urgence.
« Tout le monde, les individus comme les communautés peuvent bénéficier d’une formation en secourisme, déclare Joanna. À la Croix-Rouge, nous savons que les personnes qui participent à nos cours ont des motivations et des expériences variées. C’est pourquoi nous faisons de notre mieux pour leur offrir une gamme de thèmes et de formats d’apprentissage afin qu’elles soient en mesure de faire un lien direct entre nos programmes et leurs besoins actuels, qu’il s’agisse d’obtenir un certificat ou d’acquérir des connaissances pratiques pour aider leurs proches et leur communauté ».
Carolyn partage ce sentiment. « Chaque personne devrait pouvoir suivre une formation en secourisme à un niveau approprié à ses capacités. Étant donné que la plupart de ces techniques serviront à des interventions en cas d’urgence à la maison, il est important que chacun puisse se doter des compétences permettant de sauver des vies. Un atelier d’initiation au secourisme ne menant pas au certificat peut aider à préparer les personnes à prendre soin d’elles-mêmes ou de leurs proches en cas d’urgence, alors que celles qui ont besoin d’un certificat de la Croix-Rouge pour des raisons professionnelles ou pour faire du bénévolat dans leur communauté peuvent opter pour des formations adaptées à leurs besoins. »
En tant qu’apprenante en secourisme à la Croix-Rouge, j’ai vraiment apprécié mon expérience de formation. En dépit de mes incertitudes et de mes préoccupations initiales à propos de ma mobilité actuelle, j’ai quitté la formation avec la même assurance que par le passé.Même si je ne suis plus en mesure d’effectuer les mêmes mouvements qu’auparavant, il y a une chose qui ne change pas : je suis et je resterai une secouriste. Nous sommes aussi différents et différentes que les communautés dont nous sommes issu(e)s, mais nous partageons la même compassion pour les autres, et c’est ce qui nous motive à apprendre et à nous tenir prêts et prêtes à intervenir lorsque cela est nécessaire.
La formation en secourisme adaptée de la Croix-Rouge est la voie à suivre pour vous préparer à intervenir, peu importe si l’obtention du certificat de secourisme de la Croix-Rouge est motivée par des raisons professionnelles ou simplement pour une meilleure préparation en cas d’urgence.
Les informations se trouvant dans cet article sont transmises à titre indicatif seulement et elles ne remplacent pas une formation en secourisme. Pour trouver un cours de secourisme près de chez vous, cliquez ici. Téléchargez gratuitement l’application de secourisme de la Croix-Rouge afin de mettre en pratique et de maintenir vos connaissances susceptibles de sauver des vies.
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