En tant que bénévole de la Croix-Rouge, suivre la formation sur les premiers secours psychologiques a confirmé bon nombre d’idées que je me faisais sur la nécessité d’offrir une présence calme et une écoute attentive aux gens qui ont besoin de soutien.
J’ai bien compris les instructions : il ne faut pas chercher à connaître les détails de l’événement traumatisant que la personne a vécu. En effet, il est logique d’éviter de raviver certaines émotions en posant des questions d’approfondissement quand on n’est pas nécessairement qualifié pour composer avec les réponses. Cela pourrait faire plus de mal que de bien.
Mais si la personne veut se confier? Journaliste de profession, j’ai interviewé beaucoup de gens qui voulaient raconter un événement terrifiant, souvent pour avertir les autres, mais aussi, dans certains cas, parce que ça leur faisait du bien d’en parler.
« En bref, ne tentez pas de faire des chirurgies au cerveau si vous n’êtes pas neurochirurgien. Il en va de même pour les traumatismes psychologiques », affirme Jodie Boyle.
« Vous pourriez faire du tort à la personne. Il faut une formation spécialisée et des connaissances approfondies des facteurs biologiques, sociaux, psychologiques, économiques et politiques en jeu pour comprendre la nature complexe des traumatismes et des réactions à ceux-ci. »
Voilà donc un portrait du travail de conseiller en traumatisme. Lorsqu’un événement traumatisant survient, c’est le moment de prodiguer les premiers secours psychologiques.
Les premiers secours psychologiques consistent à offrir un accompagnement pratique et un soutien émotionnel aux personnes, aux familles ou aux collectivités qui ont de la difficulté à composer avec un événement traumatisant. Ils permettent d’établir un rapport bienveillant avec les gens, sans porter de jugement, afin de leur apporter calme et réconfort. Les premiers secours psychologiques aident également à atténuer la stigmatisation entourant les situations de crise liées aux troubles mentaux, ainsi qu’à en réduire les effets négatifs sur la santé par la mise en œuvre de stratégies de sensibilisation publiques et de mesures de renforcement communautaires visant à promouvoir le bien-être personnel.
Les premiers secours pour l’âme et les réseaux de soutien sont tout aussi importants que les soins médicaux. C’est pourquoi la Croix-Rouge offre à ses bénévoles une formation de premiers secours psychologiques afin de bonifier les services offerts par l’organisme dans la communauté.
Beaucoup d’études indiquent qu’il ne faut pas revenir sur les aspects troublants d’un traumatisme pendant les semaines qui suivent l’événement.
Avec une personne qui a vécu une catastrophe, mieux vaut parler de son adaptation à la situation et de ce qu’elle ressent dans l’instant présent. Ces sujets favorisent l’autoguérison. Si la plupart des gens parviennent seuls à composer avec la situation et à se rétablir avec des outils de base, il faudra aiguiller vers des professionnels ceux qui nécessitent davatange d’aide.
Mme Boyle encourage les bénévoles à dissuader les gens de parler en détail du traumatisme dans les jours qui suivent l’événement, surtout quand la personne est manifestement ébranlée.
« Vous pourriez dire : ʺJe constate que c’est bouleversant. Puis-je vous demander de me parler des moyens que vous avez pris pour faire face à cette situation?ʺ »
Le plus important est de s’assurer que ces personnes sont en sécurité, que leurs besoins fondamentaux sont satisfaits et qu’elles savent où se trouvent leurs êtres chers. Ensuite, vérifiez qu’elles ont accès à des sources d’information fiables au sujet de leur situation à mesure qu’elle évolue.
Les humains ont besoin d’être en contact avec les autres. Pour les gens que nous aidons, cela peut prendre la forme d’une présence calme et de la compassion d’un bénévole qui les aide à reprendre contact avec leur réseau de soutien ou avec leur communauté. Une écoute active et exempte de jugement aide les bénévoles à découvrir ce dont la personne devant eux a besoin.