« Personnellement, je crois qu’on est mieux placés pour aider une personne quand on la comprend réellement. »
Lisa Ogbole, à droite sur la photo, est une femme, une immigrante et une survivante de la violence familiale. Mais à ses yeux, l’un des éléments qui comptent le plus pour aider les femmes noires qui cherchent à fuir la violence, c’est la couleur de sa peau.
« Quand j’ai vécu cette épreuve moi-même, j’ai eu beaucoup de difficulté à trouver des services auprès de personnes qui me ressemblaient, qui comprenaient ma culture », explique Lisa, qui est née au Nigéria. « Il me semblait important d’offrir un point de services destiné spécialement aux femmes noires. »
C’est pourquoi Lisa a ouvert l’organisme Imani’s Place (site en anglais seulement) en février 2019. Située à Alliston en Ontario, une communauté de 20 000 habitants à environ une heure de route au nord de Toronto, la maison de transition offre des services aux femmes fuyant la violence familiale ou le trafic humain. Ses portes sont ouvertes à toute personne s’identifiant comme femme, mais l’organisme vise principalement à soutenir les femmes noires, autochtones ou issues d’autres groupes racialisés.
« Ce n’est pas juste une question de ressemblance. La nourriture aussi joue un rôle important dans le processus de guérison, alors ici, elles ont accès à des mets jamaïcains et africains. Pour une femme d’origine africaine par exemple, voir du foufou sur la table, ça crée une connexion. Instantanément, tu te sens plus heureuse », raconte Lisa.
En plus d’offrir un endroit sécuritaire où rester, l’organisme fournit des services de counseling, d’accompagnement, de préparation à l’emploi et de soutien à l’immigration. Il réfère également les femmes vers d’autres services communautaires au besoin.
Depuis le début de la pandémie, en mars, Lisa dit avoir reçu pas moins de 200 appels à l’aide, soit une augmentation de 60 % par rapport à l’année précédente. À l’approche de la saison de Fêtes, elle croit que cette tendance continuera à s’alourdir en raison du stress occasionné par la COVID-19 et, dans certains cas, par la perte d’emploi et de revenus.
« La période des Fêtes n’est pas toujours synonyme de célébrations. Pour certaines personnes, la pandémie a rendu la situation très difficile à la maison. On demande aux femmes de rester à domicile avec leur bourreau. »
L’organisme Imani’s Place est en mode préparation. Alors que la capacité actuelle est de cinq lits, des travaux sont en cours dans le sous-sol afin d’ajouter deux autres lits pour accueillir davantage de femmes et leurs enfants.
Lisa espère également que la nouvelle ligne de soutien de l’organisme, ouverte à tous, pourra aider à atténuer la tension dans certains foyers et à prévenir la violence, et ainsi à réduire la nécessité de se réfugier à la maison de transition. Des bénévoles répondent aux appels passés à la ligne de soutien et dirigent la personne vers une travailleuse sociale ou une conseillère jeunesse embauchées grâce à l’aide financière allouée par la Croix-Rouge canadienne dans le cadre du Fonds d’urgence pour l’appui communautaire du gouvernement du Canada.
« En ce moment, dans la communauté noire, la pandémie a exacerbé les besoins en matière de santé mentale, explique Lisa. Les gens sont déprimés, stressés. Certains ont perdu leur emploi ou se battent en justice pour obtenir la garde des enfants. Cette ligne de soutien nous a permis d’éduquer beaucoup de gens de la communauté sur l’importance de demander de l’aide et de leur rappeler qu’il y a de la lumière au bout du tunnel. »
Lorsque la ligne de soutien a été lancée en septembre, Lisa prévoyait recevoir environ 150 appels avant le mois de novembre, mais ce nombre a été dépassé.
« J’aimerais remercier chaleureusement la Croix-Rouge d’avoir participé au financement de cette ligne de soutien. Elle est très bénéfique pour notre communauté et a permis de rappeler aux personnes noires que des organismes sont là pour les aider. »
Pour joindre la ligne de soutien de l’organisme Imani’s Place, composez le 1 800 507-6860 (service offert en anglais seulement).
Si vous ou une personne que vous connaissez êtes en détresse ou en danger, composez le 911 ou communiquez avec les services d’urgence de votre région. La plupart des provinces et des territoires disposent d’une ligne téléphonique pour aider les victimes d’agression ou de violence familiale.
Vous vivez une situation de crise? Textez PARLER au 686868 pour discuter avec une intervenante ou un intervenant de Jeunesse, J’écoute ou communiquez sans frais avec Services de crises du Canada au 1 833 456-4566.
La Croix-Rouge canadienne a pu appuyer ce projet grâce au généreux soutien du Fonds d’urgence pour l’appui communautaire du gouvernement du Canada.
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