Marguerite Dorval
Il existe des milliers de témoignages semblables au nôtre, témoignages de personnes qui doivent leur vie et leur avenir à un organisme hors pair. Je suis convaincue que mon père n’aurait pas survécu à la Seconde Guerre mondiale sans l’aide de la Croix-Rouge. Henri Dorval comptait parmi les 72 soldats disparus au combat lors du débarquement de Dieppe, en France, qui a eu lieu en septembre 1942.
Blessé par un éclat d’obus, il s’est retrouvé prisonnier de guerre. Ses parents et ma mère, qui à l’époque était sa fiancée, ont dû attendre près d’un an après sa capture pour recevoir de ses nouvelles, sans savoir s’il était encore en vie.
Mon père m’a raconté que les prisonniers ont longtemps été privés de contact avec le monde extérieur. Un jour, les colis de la Croix-Rouge ont commencé à parvenir jusqu’à eux. Les prisonniers se sont accrochés à ces colis comme à une bouée de sauvetage : c’était une preuve que l’on pensait à eux et que l’on se souciait assez de leur bien-être pour leur envoyer un peu de réconfort, malgré le manque général qui a caractérisé ces années de guerre.
Mon père m’a un jour dit : « Sans la Croix-Rouge, je ne crois pas que j’aurais tenu le coup. » Après trois années de captivité, il a enfin été libéré au printemps 1945 et a épousé ma mère en Angleterre au mois de juillet.
Quand ma mère est tombée enceinte, mon père a décidé de revenir au Canada afin de trouver un emploi et de préparer la maison familiale. Vers la fin de l’année 1946, ma mère et moi avons traversé l’océan à bord d’un bateau transportant des « épouses de guerre », qui a accosté au célèbre Quai 21, à Halifax. À partir de là, des escortes spéciales de la Croix-Rouge nous ont aidées à rejoindre mon père en Ontario, qui m’a alors tenu dans ses bras pour la première fois.
Ces souvenirs très personnels du rôle qu’a joué la Croix-Rouge dans la vie de mes parents, à des moments où ils avaient grandement besoin d’aide, m’ont encouragée à intensifier mon soutien, au-delà des dons mensuels.
Voilà pourquoi j’ai pris la décision, il y a plusieurs années, de me joindre au Cercle Héritage de la Croix-Rouge, un groupe de donateurs dévoués qui veulent aider les générations futures en assurant la présence à long terme de la Croix-Rouge. Je suis certaine que mes parents, seraient fiers de ma décision.
Je suis toujours émue quand je songe aux services que la Croix-Rouge a rendus à ma famille, tout d’abord en aidant mon père à survivre à la misère des camps de prisonniers de guerre, puis en aidant ma famille à se réunir en sol canadien.
Ma famille a pu compter sur l’aide de la Croix-Rouge et je lui en suis grandement reconnaissante. Je sais que l’organisme dépend du généreux appui des donateurs et des bénévoles. Voilà pourquoi je suis fière de faire ce que je peux pour aider les générations futures qui connaîtront elles-mêmes des moments de détresse.