Les deux premiers survivants au virus Ebola quittent le Centre de traitement de la Fédération internationale en Sierra Leone

Sujets: AfriqueSituations d'urgence et catastrophes dans le monde
| 02 octobre 2014

Osman Sesay est le deuxième patient admis en tant que cas confirmé d’Ebola au nouveau Centre de traitement géré par la Fédération internationale à Kenema, en Sierra Leone.

Lors de son admission au Centre de traitement, M. Sesay était dans un état léthargique et affichait le regard vitreux d’une personne atteinte de la maladie mortelle. Au cours des 2 dernières semaines, alors qu’il reprenait des forces, M. Sesay a été témoin du décès de 11 autres patients qui ont été inhumés dans le cimetière nouvellement aménagé à cet effet. Au fil des jours, il interagissait davantage avec le personnel du Centre, bougeait et mangeait plus qu’à son arrivée. 

M. Sesay a obtenu son congé après avoir subi deux tests sanguins qui se sont révélés négatifs. Il est le premier patient soigné au Centre de traitement de la Fédération internationale ayant survécu au virus Ebola. Je n’arrive pas à expliquer comment j’ai survécu alors que d’autres continuent de succomber à la maladie, a-t-il déclaré. Je peux toutefois affirmer que je suis très heureux de rentrer à la maison. »

L’homme de 37 ans ne sait pas comment il a été infecté par le virus. Il ne se souvient pas non plus d'avoir mis les pieds dans le Centre, cinq heures après avoir quitté son domicile, à Freetown. Par contre, il se souvient très bien des membres du personnel de la Croix-Rouge qui se sont approchés de lui, vêtus d'équipements de protection plutôt imposants.

Reprendre plaisir à accomplir de simples tâches quotidiennes

« J'étais terrifié, a confié M. Sesay. Les membres du personnel m'ont bien traité : ils m'ont rassuré, donné des médicaments et à manger. Ils ont pris soin de moi et m'ont aidé à me rétablir. »

M. Sesay a enfin pu raser sa barbe longue de plusieurs semaines et les membres du personnel se sont réunis autour de lui pour célébrer sa guérison. Pour la première fois, ils étaient en mesure de le saluer, de le toucher et de lui serrer la main sans être contraints de porter un équipement de protection. M. Sesay est désormais immunisé contre la souche Zaïre, une souche hautement contagieuse du virus Ebola. Les chercheurs ne réussissent toutefois pas à s'entendre quant à la durée de cette immunité.

Alors que M. Sesay s'apprêtait à monter à bord du véhicule de la Croix-Rouge de Sierra Leone pour rentrer chez lui, il a précisé qu'il souhaitait retourner au Centre à titre de membre du personnel dans un avenir proche. « J'espère vraiment remettre les pieds au Centre. J'ai pu compter sur l'aide du personnel et j'aimerais à mon tour aider des personnes atteintes de cette terrible maladie », a-t-il ajouté.

« Nous avons du personnel national à notre disposition au Centre. Toutefois, il sera nécessaire d'embaucher davantage de personnes à mesure que le nombre de patients admis augmentera, a annoncé Tiina Saarikoski, responsable de la gestion du Centre de traitement d'Ebola de la Fédération internationale. En tant qu'ancien patient, M. Sesay pourrait apporter un soutien inestimable aux autres patients qui doivent composer avec le fait d'être éloignés de leurs amis et de leur famille. »

Pour l'instant, la priorité de M. Sesay est de rentrer à la maison, bien qu'il ressente des sentiments partagés. « Je suis content d’être sorti du Centre de traitement, mais je suis triste parce que ma femme et mes fils jumeaux qui étaient âgés de 3 mois ont succombé à l'Ebola, a confié M. Sesay. Il me reste un fils de 13 ans et j'ignore s'il est en bonne santé. »

Le sourire d'une jeune survivante

Accompagné par un membre de la Croix-Rouge de Sierra Leone chargé du soutien psychosocial, M. Sesay a quitté le Centre aux côtés d'une jeune fille dont il a fait la connaissance lors de son séjour. Le sourire qu'affichait Kadiatu reflétait toute l'émotion ressentie : la jeune fille retrouvera sous peu sa mère et ses huit frères et sœurs. À son arrivée au Centre il y a deux semaines, la maladie s'était visiblement emparée d'elle. Cependant, grâce à un diagnostic rapide et des traitements prodigués sur-le-champ, la jeune fille à la silhouette frêle a remporté le combat.

« Kadiatu était très inerte à son arrivée, a déclaré Lauralee Morris, médecin en chef de la Croix-Rouge canadienne. Elle était insensible et ne s'intéressait pas à ce qui se passait autour d'elle. Il était fascinant d'observer cette jeune fille se transformer sous nos yeux à mesure qu'elle se remettait de la maladie. »

Alors qu'elle guérissait du virus Ebola, la jeune fille de 11 ans communiquait davantage avec les autres patients et tissait des liens avec ceux dont l'état de santé s'améliorait, ne quittant leur chevet que très rarement. Kaiatu éclatait de rire lorsque le personnel de la Croix-Rouge la chatouillait. Elle dansait même avec les autres patients sur la musique de Michael Jackson, malgré les deux rangées de clôtures à mailles orangées qui séparaient la zone à haut risque de contagion de la zone à faible risque.

Avant de quitter le Centre pour de bon, elle a tenu à saluer les patients du Centre une dernière fois. Lorsqu'on lui a demandé comment elle se portait, en krio, elle s'est empressée de répondre :

« Très bien! » Et, pour la première fois depuis des semaines, elle le pensait véritablement.  

Katherine Mueller, Fédération internationale. Article ayant fait l’objet d’une première publication sur le site Web de la Fédération internationale.

La Croix-Rouge canadienne a dépêché dans la région des travailleurs humanitaires spécialisés dans le domaine de la santé et de la gestion des sinistres afin d'appuyer l'intervention menée dans les collectivités touchées. Le financement est un élément crucial de l'intervention, car il permet de prendre des mesures concrètes pour endiguer l'épidémie.

Les Canadiens désireux de soutenir les opérations menées par la Croix-Rouge en Afrique de l’Ouest sont invités à faire un don au Fonds Ebola en Afrique de l’Ouest de la Croix-Rouge canadienne.