Un sauvetage in extremis

Sujets: QuébecSécurité aquatique
| 20 septembre 2013

Voici le témoignage troublant de Jonathan. Lui et sa famille ont tenu à partager leur histoire afin de sensibiliser les gens au port du gilet de sauvetage. À lire absolument.

« Le 3 août 2013, notre famille et quelques amis étaient à la plage du Lac-Simon, en Outaouais, pour profiter du beau temps. Nous voulions profiter de mon bateau pour faire des balades de «tube nautique» aux enfants.

Il était environ 18 h lorsque nous avons voulu arrêter. Par contre, une de mes amies proches voulait y aller avec ses petits et, finalement, mon fils de 2 ans et demi a voulu y aller aussi.

Avec les enfants de mon amie, qui n’étaient pas très habitués à faire du tube, ainsi qu’avec mon fils de 2 ans et demi, qui n’est pas très confortable dans l’eau, nous avons alors décidé d’aller faire une balade en douceur.

Nous avons embarqué les enfants, et nous sommes partis en bateau assez loin pour, au moins, dépasser les bouées de ralentissement qui étaient proches des rives.

Après un petit tour de 4 à 5 minutes, j’ai ralenti pour ramener les enfants dans le bateau.

Alors que j’étais presque arrêté, une petite vague est venue laver le dessus du tube. Les enfants étant couchés sur le ventre, l’eau a créé un espace entre les enfants et le tube, ce qui a eu pour effet de faire tomber mon fils dans l’eau. Il ne se tenait pas solidement vu que la balade était terminée.

Lorsqu’il est tombé dans l’eau, en plein milieu du lac, il a commencé à paniquer énormément, et ce, même avec une veste de sauvetage. Ceci l’a rendu évidemment très instable. Voyant qu’il avait la tête dans l’eau, j’ai eu le réflexe d’un père de 3 enfants, et, en une fraction de seconde, j’étais debout et j’ai sauté sans penser à ramasser ma veste de sauvetage à mes pieds.

J’étais maintenant dans l’eau, je me suis rendu à mon fils, je l’ai retourné, et je lui ai parlé calmement pour le rassurer, ce qui a très bien fonctionné.

Je me suis ensuite retourné pour être prêt à m’agripper au bateau qui allait sûrement revenir nous chercher.

À ma grande surprise et déception, le bateau n’est jamais revenu. J’ai compris par la suite que mon amie n’avait jamais tourné le bateau pour venir nous chercher parce qu’elle était incapable de le faire, peut-être à cause de la panique.

À ce moment, j’ai réalisé que j’étais extrêmement en danger et que j’avais besoin d’aide. J’ai essayé de crier, de faire des gestes, mais personne ne me voyait, mis à part mon fils qui me regardait avec des yeux que je n’oublierai jamais.

Je ne suis peut-être pas un nageur professionnel, mais je me débrouille bien. Cela faisait maintenant 5 minutes que j’étais dans l’eau avec un t-shirt qui me semblait peser 200 livres. Il n’y avait toujours aucun signe de bateau à l’horizon. 

C’est à ce moment que je suis descendu pour la première fois sous l’eau, sans le vouloir : j’étais complètement épuisé. J’essayais de parler à mon fils pour le calmer, ce qui semblait fonctionner. Je savais que j’étais vraiment en danger et qu’il ne me restait plus beaucoup d’énergie. Je suis descendu une deuxième fois sous l’eau. En remontant, j’ai réalisé que je m’accrochais à mon petit garçon pour m’aider à flotter et que, en même temps, j’étais en train de le noyer. Apparemment, ceci est causé par un réflexe lors d’une noyade.

Je suis père et je ne veux évidemment pas noyer mon enfant. Je lui ai dit que je l’aimais et je l’ai poussé plus loin afin d’éviter d’avoir le réflexe de m’accrocher à un enfant de 2 ans et demi.

Je me suis tourné dos à lui et j’ai essayé de regarder à l’horizon pour de l’aide. Je ne voyais rien. À ce moment même, je réalisais qu’à 30 ans, ma vie se terminait et que je laissais ma femme, veuve, avec 3 enfants et un bébé qu’on attendait à tout moment.

Cela faisait maintenant 10 minutes que j’étais dans l’eau, complètement épuisé, j’ai commencé à couler. Je réalisais que je n’avais plus d’énergie pour remonter, je ne voyais aucune chance de regagner la surface. J’étais complètement exténué.

Quand, sous 4 pieds d’eau, j’ai aperçu le dessous d’un ponton, 2 quilles et quelqu’un qui entrait dans l’eau. La personne a agrippé ma main et m’a remonté à la surface.

Ensuite, on m’a ramené à la rive et les ambulances ont été appelées.

Ce fut un moment extrêmement pénible. Mais après a été beaucoup plus dur... Cela m’a causé de graves problèmes rénaux. Je suis sorti de l’hôpital il y a quelques jours et je serai suivi pendant un moment encore.

Ma réaction a été instinctive... Je n’ai jamais pensé à ma veste. Ça aurait tout changé.

J'ai risqué à 30 ans de ne plus être là pour mes 4 enfants. Juste pour un dernier petit tour avec les plus jeunes. Et pourtant, en bateau, toute la famille porte habituellement un gilet de sauvetage. Surtout les parents, pour montrer l'exemple. Tout ça aurait pu être évité par le port de la veste. En tout temps. »

La Croix-Rouge souhaite rappeler à tous les plaisanciers qu’un gilet de sauvetage à portée de main est toujours trop loin. D’ici la fin de la saison, portez en tout temps votre VFI. Pensez à Jonathan, à votre sécurité et à celle de vos proches.

Conseils de santé et de sécurité : port du gilet de sauvetage et sécurité nautique